martes, diciembre 8

La Historia de las Cosas

Versión argentina

martes, diciembre 1

L'ECONOMIE DISTRIBUTIVE

Le 5 juin 2009, j’ai assisté à la séance débat du film « Let’s make money » au cinéma indépendant Pandora d’Achères, animé par Marie-Louise Duboin. Ce soir là, j’ai fait la connaissance du mensuel « La Grande Relève ». A la sortie du débat, on m’a gentiment offert les numéros de janvier à mai 2009. J’ai lu avec passion et grand intérêt tous ces numéros. J’étais contente et en même temps, profondément troublée. Je suis toujours contente d’avoir trouvé en France de gens si raisonnables !

Je suis née dans la capitale de l’Equateur, Quito, en Amérique du Sud. Je me suis installée en France il y a bientôt dix ans et dans tout ce temps, je n’ai jamais rencontré de gens qui soient si proches des pensées auxquelles j’avais été familiarisée depuis mon enfance. Parler avec de gens qui ne se trouvent ni dans la droite ni dans la gauche française mais qui proposent un model tout à fait nouveau, logique et différent m’a donné beaucoup d’espoir… mais en même temps… J’étais troublée à cause du profond danger auquel nous sommes tous confrontés en tant qu’habitants de cette planète Terre. Je suis profondément attachée à la nature et donc, par la suite, très attachée au respect de l’environnement ; les dangers liés au réchauffement de la Planète ne m’étaient pas étrangers. Par contre, je maîtrisais assez peu l’économie et l’histoire du système économique actuel.
Les articles si bien écrits, si lucides et solides de Messieurs Aubin, Blavette, Glory, Evrard, etc. m’ont fait comprendre, voir et sentir les similitudes de la crise financière de ces derniers mois, avec celle du 1929. Je ne pense pas que le rapprochement de cette crise, aux deux Grandes Guerres Mondiales, soit anodin. La crise financière de l’époque et toute la haine sociale (qui ont donné comme résultat des milliers de morts, de souffrances et d’injustices) ont des causes communes : un système économique totalement aberrant qui est arrivé à dépasser les frontières, à se faire unique et mondial.
Dans les années 1980, lorsque je vivais toujours à Quito, je me souviens de l’étonnement reflété par ceux qui, étant allés aux Etats-Unis, ressentaient du « développement » : « Il y a des montagnes de voitures à peines abîmés… et on les emmène à la casse ! Ici, on pourrait les remettre en état par n’importe quel mécanicien et là-bas, on les jette ! » Vers la fin des années 1990, j’ai entendu un musicien populaire de Quito, raconter ce qui l’avait choqué de sa visite aux Etats-Unis : « C’est insupportable ! » disait-il, « on se promène n’importe où dans les villes, et on trouve beaucoup de choses en parfait état, jetés dans les rues comme de la poubelle ! C’est insupportable quant on sait qu’en Equateur, comme dans beaucoup d’autres pays, il y a tant de pauvreté… » Les personnes qui avaient eu l’opportunité de visiter le « premier » monde, étaient abasourdies par le gaspillage mais aussi, par l’opulence. Certains étaient critiques, d’autres en rêvaient à volonté. Moi qui étais à l’époque, encore une gamine, je me posais beaucoup de questions.
Plus tard, à Cuba, je rencontrais un Cubain qui rêvait de Miami, il entendait les blagues enregistrées sur une cassette audio, d’une Cubaine déjà installée. Une de ses blagues m’avait marqué profondément, elle faisait référence au papier toilette : « Il y en a pas aux Etats-Unis » disait-elle « peu importe, pas besoin de PQ quand on peut s’essuyer les fesses avec des tranches de jambon ! » …Et la pauvreté ? Je voyais bien que ce cubain, comme tant d’autres, avait une totale ignorance de la pauvreté qui régnait dans le monde, surtout celle qui existe aux Etats-Unis. Un autre Cubain, déjà sorti de Cuba, m’avait dit avec conscience que, pour une personne misérable, Cuba était le « paradis », mais pas pour une personne de classe moyenne qui peut aspirer à d’autres choses que ce que le système cubain peut lui offrir.
Quelques années après, j’ai quitté mon pays pour vivre en France. J’ai alors découvert les raisons pour lesquelles les gens se débarrassent de choses encore utiles : le prix de réparation est excessif ! Mais, qu’est-ce qui est excessif ? La main d’œuvre ? Pas vraiment. J’avais par exemple un mixeur fait d’un vase et d’un moteur. Remplacer le vase cassé, c'est-à-dire, faire l’achat du dit vase coûtait aussi cher que de racheter un nouveau mixeur ! Mais quelle est donc cette logique : comment le vase peut-il coûter aussi cher que le mixeur entier ?
J’ai acheté un blouson en cuir dans un petit village très pauvre de mon pays natal, dont les habitants se consacrent à la fabrication des habits en cuir. Je l’ai payé 40 dollars (c’est la monnaie imposée à mon pays depuis l’an 2000). La fermeture éclaire abîmée, je suis allée en France, chez le cordonnier. Avant de réaliser n’importe quel travail, il avertie toujours : « Cela va vous coûter peut-être aussi cher que ce que votre blouson vous a coûté ! » Et il ne se trompait pas. J’ai donc décidé de ramener mon blouson en Equateur, pour le faire réparer lors d’une autre visite ; cela a été beaucoup moins cher effectivement.
Pendant toutes ces années vécues en France, dans mon pays natal les choses avaient évolué épouvantablement : l’économie de marché régnante s’était aussi implantée. Bien qu’on puisse toujours se faire réparer les choses à des prix plus bas que ceux de la France, ce n’est plus si bon marché pour le coût de la vie locale. En conséquence, les gens font ce que font les gens en France ou aux Etats-Unis : ils n’arrêtent pas de jeter pour acheter et acheter à nouveau. C’est une société de consommation depuis que beaucoup des marchés se sont ouverts et que les banques ont simplifié toutes les démarches pour l’endettement.
Beaucoup avaient apprécié la dollarisation de la monnaie car auparavant la différence ne permettait pas les déplacements autour du monde. Voyager était une affaire de « riches » ! Peu à peu, « tout » est devenu accessible aux classes moyennes, « tout » mais au prix de l’endettement en permanence, du travail sans repos. C’est devenu aussi invivable comme ce que j’avais connu aux Etats-Unis lorsque je suis allée y travailler pendant quelques mois. La qualité de vie des populations de classe moyenne de mon pays natal n’est faite que d’heures et d’heures de travail, de bouchons dans la circulation, de shopping, d’endettement ! Déjà en 1990, tous les commerces étaient ouverts tous les jours de la semaine. Beaucoup avaient commencé à ouvrir 24 heures sur 24, avec service à domicile gratuit ! Cela n’a pas créé plus d’emplois puisque les employés sont toujours obligés d’assurer ces heures de week-end et du soir, sans pouvoir exiger un quelconque supplément d’argent. La misère étant déjà grande, si quelqu’un refusait, ce dernier serait vite remplacé par quelqu’un d’autre ayant besoin de travailler. Les gens ne savent que se soumettre et travailler, rien ne les protège. En plus, ils sont persuadés que c’est à cause de la « paresse » de leurs concitoyens que leur pays n’arrive pas à faire partie des pays développés.
Ce qu’avait rêvé la plupart de mes aïeuls, était enfin arrivé aux classes moyennes de mon Equateur natal : « le pouvoir d’achat » avait finalement augmenté. La pauvreté avait augmenté en parallèle de ce « pouvoir d’achat », depuis la dollarisation et la généralisation des emplois précaires. Les classes moyennes peuvent désormais se permettre ce qu’il ne pouvait pas se permettre auparavant, au coût de l’énorme augmentation de la misère, la délinquance, les dangers, l’insécurité et tous les autres problèmes sociaux. De ce fait, il reste peu de gens de la classe moyenne qui ne s’est pas fait photographier sous la Tour Eiffel. Le tourisme mondial a explosé avec ses dramatiques conséquences pour l’environnement. Je ne dis pas qu’il faudrait interdire le tourisme aux gens des pays en développent, mais je trouve réellement dommage que la plupart de gens de mon pays qui visitent le « monde », ont pour seul intérêt de se faire photographier au pied des monuments historiques les plus connus, dans le seul but de publier ces photos sur les sites de réseaux sociaux… Il y a beaucoup de gens qui s’endettent juste pour se faire féliciter par leur environnement social ; pas d’intérêts historiques, pas d’intérêts environnemental : dans un grand nombre de cas, c’est seulement une question de reconnaissance sociale… On avait été si « pauvres » et laissés de côté du développement auparavant…
Dans toute cette évolution de la vie des classes moyennes de mon pays d’origine (et des autres pays du tiers monde semblables) il n’y a eu aucune amélioration au niveau de la qualité de vie ; je dirais même qu’il y a eu une énorme détérioration : la santé, l’éducation et le temps libre continuent à être des privilèges pour ceux qui peuvent se les permettre, même l’air pur et l’eau propre à boire deviennent des luxes.
L’idée de « travailler plus pour gagner plus » (et gaspiller plus) ne m’a pas vraiment séduit… Il y a dix ans, lorsque je suis arrivée en France, j’avais été fascinée par ces systèmes de santé et d’éducation qui étaient, malgré leurs défaillances, largement plus justes que ceux auxquels j’avais été habituée. La qualité de vie avec les 35 heures de travail, les vacances, les promenades familiales du dimanche, l’intérêt pour la nature, le rassemblement familial autour de la table… étaient des énormes richesses à mes yeux. C’est vrai que la France n’a jamais été le paradis sur terre mais il y a de choses si bien ici ! Seulement… pour combien de temps ? Les enfants lisaient, maintenant ils jouent presque tous à la Nintendo ; les familles se promenaient dans les forêts, maintenant elles vont à Eurodisney et bientôt, elles pourront aller faire du shopping aussi les dimanches !
Bien que j’adore mon pays natal, j’ai choisi de rester en France pour tout ce que la France offrait à mon enfant. Je suis consciente qu’en France, il y a eu toujours un peu de tout, mais la société était franchement moins consommatrice qu’elle n’était aux Etats-Unis ou en Amérique Latine, il y a dix ans. Une profonde tristesse me remplit le cœur en pensant à cette France qui s’éteint peu à peu, ravagée par le pouvoir du système marchand où tout se vend, où tout s’achète …au « meilleur » prix !
Souvent, lorsqu’on me demande si je me plais en France, je fais part de tout ce que je trouve ici bien mieux qu’ailleurs. Pourquoi puis-je voir ce qu’il y a de bien en France ? Parce que je viens d’ailleurs ? Pas forcément. Toutes les personnes qui ont quitté leur pays d’origine, n’ont pas eu les mêmes chances que moi. Il est vrai que je suis arrivée en tant qu’étudiante et heureusement pour moi, la misère n’a jamais été la raison qui m’a poussée hors de mon pays natal.
Il y a peu de temps, je lisais les commentaires écrits à propos du nouveau film de Michael Moore, sur la Bourse et la Crise économique américaine et mondiale. C’étaient les critiques laissées par les usagers de Youtube. J’étais furieuse de lire autant de choses si bêtes ! On critiquait Moore et ses documentaires, les qualifiant de communistes : « Il n’y a que le capitalisme qui peut fonctionner » était clairement marqué !
De nos jours et dans cette crise, comment est-il possible qu’il y est encore des gens qui puissent y croire ! J’ai pensé donc à « Sicko » du même Michael Moore et j’ai compris que le travail fait avec la publicité constante depuis des décennies en faveur du capitalisme et contre le communisme, était profondément enraciné surtout dans les populations américanisées. Cette perception des choses ne provient pas d’un quelconque cynisme, c’est de l’ignorance, j’en suis certaine. La plupart des gens sont éduqués par les mass media. La télévision a très bien joué son rôle d’éducatrice en faisant du capitalisme et de la consommation à outrance, la panacée, le paradis.
Tous ceux qui, comme moi, critiquons le capitalisme, doivent être conscients des origines de nos différences avec cette large population éduquée par la télévision. C’est dans l’éducation que tout prend origine. Je parle de l’éducation fait chez soi et non pas que de celle des institutions parce que le système éducatif est fait et contrôlé pour maintenir l’ordre établi. Je peux voir les défaillances et questionner le système puisque j’étais élevée différemment. Par contre, ceux qui ont grandis soumis à l’obéissance, auront beaucoup de mal à prendre du recul et à questionner. L’éducation fait défaillance car elle est basée sur l’obéissance à l’autorité. Si au lieu de demander obéissance depuis la tendre enfance, on demandait réflexion, les individus grandiraient avec la liberté de penser, de choisir, de questionner. Ce n’est pas seulement l’éducation scolaire qui devraient changer et se remettre en question mais celle que nous donnons en tant que parents chez nous. Sommes-nous en train de faire grandir des moutons ou bien, essayons-nous de faire grandir des êtres libres, capables de penser, de réfléchir, de questionner, de choisir par eux-mêmes ?
Lorsque je parle d’un monde où tous les individus gagneraient la même chose, d’un monde où chacun choisirait son métier, pas en fonction de revenus mais en fonction de ce que chacun trouve du plaisir à faire, les gens se mettent en garde. Un monde où tout le monde serait « pareil » est un monde indésirable pour ceux qui ont besoin de soumettre pour s’imposer. « L’humain est fait de rivalité, c’est la nature humaine !» m’a-t-on déjà affirmé.
Je connais une fille qui grandit entourée de l’amour de son père et de sa mère. Ils ne sont pas riches, mais ils ont tout ce qu’il faut pour vivre heureux en se respectant eux-mêmes. Elle n’a pas de Nintendo comme ses autres copines et copains mais elle n’en veux pas et ne ressent jamais de jalousie vis-à-vis des autres. Elle se permet de rêver à des choses qu’elle désirerait, mais le fait d’y rêver ne l’empêche pas de profiter de ce qu’elle a déjà ! Elle est si heureuse et positive, qu’elle a l’impression de ne manquer de rien ! Evidement, elle a le respect et l’amour de son papa et de sa maman qui savent partager leur temps de travail avec leur temps en famille. Cette fille grandit en harmonie, elle n’a pas besoin de se comparer aux autres pour exister, elle est bien dans sa peau, elle est heureuse…
Je connais d’autres filles, qui n’ont malheureusement jamais l’attention de leurs parents ; leurs parents ont commencé par les mettre devant la télé lorsqu’elles étaient toutes petites. Ensuite, ces mêmes parents, leur ont acheté une Nintendo. Plus leurs filles sont distraites, plus ils arrivent à les évader. Ces filles ne se sentent pas aimées, elles ne se sentent pas bien dans leur peau, ainsi la jalousie ne se fait pas attendre. Elles ne sont jamais satisfaites ni heureuses, il leur faut toujours de plus en plus de choses pour les distraire du manque causé par l’absence de rapport avec leurs parents.
Je ne crois pas dans la jadis « nature » humaine faite de haine, de jalousie, d’ambition, de rancœur. C’est juste une question de famille, d’amour, de respect, d’éducation. Le capitalisme n’est que le résultat d’une société en manque de liens d’affection, d’une société qui a perdu toute conscience de vrais rapports humains. Nous pouvons continuer à écrire beaucoup de pages contre le système marchand, on peut toujours le critiquer, le questionner mais nous n’arriverons jamais à convaincre ceux qui ont grandi soumis et obéissants. Ce n’est pas toujours et seulement du cynisme, c’est de l’ignorance mais aussi de la peur de perdre leurs points de repère.
Il y a donc urgence à changer les méthodes éducatives, il faut commencer à accepter d’être questionnés en tant qu’adultes, sans pour autant renoncer à rester fermes face à nos décisions. Il faut avoir le courage de se confronter à soi même, de douter, de chercher, de choisir. J’ai beaucoup voyagé en me questionnant; c’est seulement ainsi que j’ai réussi à ouvrir mon esprit et à trouver des réponses.
Merci à tous ces gens de la Grande Relève qui m’ont appris beaucoup de choses sur cette économie confuse et obscurantiste ; à présent — et grâce à vous — j’ai beaucoup plus d’arguments pour lutter contre ce système autour de moi et pour rêver à une économie différente fait de partage.





Libre mercado, Capitalismo y Economía

El 5 de junio del 2009, asistí al debate y programación del filme « Let’s make money ». Esa noche, conocí la revista dirigida por Marie-Louise Duboin, llamada « La Grande Relève » y tuve la suerte de llevarme conmigo los números de enero a mayo del 2009. Los leí todos con muchísimo interés. Estaba muy contenta pero a la vez profundamente intranquila.

Nací en Quito, la capital del Ecuador en América del Sur. Hace casi diez años que vivo en Francia y en todo este tiempo no había encontrado gente que estuviese tan cercana de los pensamientos a los cuales yo había sido familiarizada desde la infancia. Hablar con gente que propone un modelo económico totalmente novedoso, lógico, diferente me ha dado muchísimas esperanzas. Y al mismo tiempo… Mi preocupación radica en el gran peligro al que nos confrontamos en tanto que habitantes del Planeta Tierra. Estoy profundamente vinculada a la naturaleza y al respeto medioambiental por lo tanto, los peligros ligados a la contaminación del Planeta no me eran ajenos. Pero debo admitir que la economía y la historia del sistema económico actual me resultaban confusos.

Los artículos tan bien escritos, tan lúcidos y sólidos de los Señores Aubin, Blavette, Glory, Evrard, etc. me hicieron comprender las semejanzas entre la crisis financiera de estos últimos tiempos con aquella sucedida en 1929. Dudo que la cercanía de dicha crisis con las dos Grandes Guerras Mundiales sea pura coincidencia. La crisis financiera de aquella época y todo el odio social (que dieron como resultado millares de muertes, crímenes horribles, sufrimiento e injusticias) tienen causas comunes: un sistema económico aberrante que ha logrado sobrepasar las fronteras, volverse único y mundial.

En los años 1980, cuando todavía era niña, quedé impresionada al oír que en los Estados Unidos: “¡Había montañas de automóviles a penas golpeados… abandonados en lo que llaman cementerios automotrices!” “¡Aquí se podría ponerles como nuevos en cualquier mecánica pero allá, se les bota por un rasponcito…!”

Hacia finales de 1990, escuché lo que Jaime Guevara (músico popular de Quito) decía sobre su visita a los Estados Unidos: “¡Es insoportable! Por donde quiera que uno pase, se topa con montones de cosas en perfecto estado, botadas en los recovecos de las calles como si se tratara de basura! ¡Es insoportable cuando uno sabe que en el Ecuador, como en tantos otros países, hay tanta pobreza!”

Las personas que habían tenido la oportunidad de visitar el “Primer Mundo”, estaban absortas por el derroche y la opulencia. Algunas tenían una visión más bien crítica de aquel “progreso”, otras —al contrario— ¡lo añoraban! Yo que entonces, todavía era demasiado joven, me preguntaba muchas cosas.

En Cuba, conocí a un cubano que soñaba con Miami, solía escuchar los chistes grabados en un cassette audio, de una comediante cubana instalada en Florida. Uno de esos chistes me marcó profundamente: “Dicen que en los Estados Unidos ¡no hay papel higiénico...! ¡Qué importa, si ahí se puede limpiar con tajadas de jamón!” ¿Y… la pobreza? Noté que aquél cubano, como muchos otros, ignoraba la miseria que abunda en el mundo, sobretodo aquella que se vive en los Estados Unidos de América y en los otros países desarrollados. Otro cubano ya fuera de Cuba, me dijo concienzudamente que, para una persona miserable, Cuba era el “paraíso” pero no para una persona de clase media que puede aspirar a otras cosas que lo que el sistema cubano puede ofrecer.

Poco tiempo después me instalé en Francia, entonces descubrí las razones por las cuales la gente se deshace de cosas todavía útiles: ¡el precio de reparación es excesivo! Pero, ¿qué es en realidad lo que cuesta tanto? ¿La mano de obra? No realmente. El vaso de mi licuadora se rompió. Cuando quise comprar un vaso para reemplazarlo, me enteré de que su costo era prácticamente igual al costo de una licuadora nueva! ¿Sobre qué se sustenta esta lógica? ¿Cómo es posible que el vaso cueste casi tanto como la licuadora entera?

Hace más de cinco años, compré un abrigo de cuero en Quisapinche (pueblo cercano a la ciudad de Ambato, Ecuador), pagué por él 40 dólares (moneda impuesta en mi país natal desde el año 2000). Cuando el cierre se dañó, quise hacerlo reparar en Francia. Siempre que acudo a ese tipo de servicio, me reciben alertándome: “¡Puede ser que la reparación le cueste tan caro como el abrigo! ¿Quiere hacerlo?” Aquí están acostumbrados a que las personas renuncien a las reparaciones, por eso siempre advierten a la clientela antes de aceptar ese tipo de trabajo. El hombre no se equivocaba. Decidí guardar el abrigo para hacerlo reparar en Quito, en una próxima visita.

Durante todos estos años vividos en Francia, en mi país natal las cosas han evolucionado “desastrosamente”: la economía de mercado en boga, se ha instalado también ahí. Y aunque todavía se puedan reparar los objetos a precios menos onerosos que los de Francia, en relación al costo de la vida local, ya no resulta tan ventajoso. Esto ha hecho que la gente de mi país, haga hoy en día lo que hacían ya desde hace mucho las personas en Francia o en los Estados Unidos: ¡No paran de botarlo todo para comprar cosas nuevas! El Ecuador es una sociedad de consumo desde que muchos mercados se han abierto y desde que los bancos han simplificado los trámites para el endeudamiento.

Muchas personas apreciaron la dolarización ya que la moneda local no permitía los viajes alrededor del mundo, a causa de su bajísimo valor de cambio. Viajar era cosa de “ricos”. Poco a poco, “todo” va volviéndose accesible a las clases medias, “todo” pero al costo del endeudamiento permanente, del trabajo sin reposo. Se ha vuelto tan inhumano como lo que yo había conocido en los Estados Unidos cuando fui a trabajar durante unos largos meses hace ya más de diez años. La calidad de vida de la población de clase media de mi país natal es hecha de horas y horas de trabajo, de atascos en el tráfico vehicular, de shopping y de endeudamiento. Ya en 1990, todos los comercios abrían los siete días de la semana. Muchos habían comenzado a atender 24 horas al día ¡con servicio gratuito a domicilio! Aquello nunca creó más fuentes de trabajo porque los empleados siempre han estado sujetos a la obligación de trabajar horas extras en las noches y fines de semana sin poder exigir ningún tipo de remuneración suplementaria. Siendo tan grande la miseria del país, si alguien rechaza dichas condiciones laborales, será reemplazado sin ningún problema por alguna otra persona en necesidad de salario. La gente de mi país natal no sabe sino someterse y trabajar. Nada les protege. Lo peor es que muchos están persuadidos que es a causa de la “pereza” de sus compatriotas que su país no consigue salir del subdesarrollo. (Cuando es en realidad la DIT, División Internacional del Trabajo, la que ha condenado a unos países a ser pobres, para asegurar que otros se hagan cada vez más ricos.)

Lo que había soñado la mayoría de mis ancestros, al fin ha llegado a las clases medias de mi Ecuador natal: ¡el poder adquisitivo aumenta! Pero la miseria también ha aumentado a partir de la dolarización y de la generalización de los empleos informales. Las clases medias pueden permitirse ahora muchas de las cosas que antes no podían permitirse, pero a costa de la generalización de la pobreza, del aumento desmedido de la miseria, la delincuencia, los peligros, la inseguridad y el resto de los problemas sociales que surgen en consecuencia. No queda mucha gente de las clases medias que no se haya hecho ya fotografiar bajo la Torre Eiffel. El turismo mundial ha estallado con las dramáticas consecuencias ecológicas que eso significa. No digo que haya que prohibir el turismo a las personas de los países en desarrollo, lo que me parece lamentable es que la mayoría de las personas de mi país, o de Latinoamérica, salgan a visitar el “mundo” con el único interés de hacerse fotografiar —en el menor tiempo posible— al pie de los monumentos históricos más famosos, con el único fin de publicar sus fotos en los sitios de relaciones sociales sobre Internet. Hay todavía muchísima gente que se endeuda solo para poder ser felicitada por su círculo de amistades. Nada de intereses históricos o geográficos, ningún interés medioambiental; en muchísimos casos sólo es cuestión de reconocimiento social… “Habíamos sido tan pobres, tan subdesarrollados, tan relegados del “desarrollo” del mundo…”

En toda esta evolución vivida por las clases medias latinoamericanas, no ha habido ninguna mejoría en el nivel de la calidad de vida, sino una terrible deterioración: la salud, la educación y el tiempo libre continúan siendo privilegios para quienes pueden permitírselo, incluso el aire puro y el agua potable se han convertido en lujos.

Por eso es que la idea de “trabajar más, para ganar más” (eslogan de campaña de Nicolas Sarkozy) nunca llegó a seducirme... Hace diez años, cuando yo llegué a Francia, su sistema de educación y de salud me fascinaron porque, a pesar de sus grandes deficiencias, eran muchísimo mejores que lo que yo había conocido en el Ecuador. La calidad de vida con sus 35 horas de trabajo a la semana, las vacaciones pagadas, los paseos familiares los domingos, el interés por la naturaleza, los encuentros familiares al rededor de la mesa, el gusto por el buen comer... eran demasiado para ser verdad. Cierto es que Francia nunca ha sido el paraíso sobre la Tierra, pero ¡hay tantas cosas bien aquí...! Lo triste es saber que el gobierno actual está haciendo todo porque Francia se transforme en los Estados Unidos...

Cuando yo llegué, los niños y niñas gustaban de la lectura, ahora juegan a la Nintendo. Las familias se paseaban en los bosques los domingos, ahora pueden ir a Eurodisney y muy pronto (cuando la ley sea aprobada) podrán ir a hacer shopping incluso los domingos...

Aunque amo mi Ecuador natal, elegí vivir aquí por todo aquello que Francia me permite ofrecerle a mi hija. Soy consciente de que nunca ha sido todo color de rosa, que en Francia siempre hubo un poco de todo, pero hace diez años, la sociedad francesa era mucho menos consumista que la sociedad estadounidense o la latinoamericana. Una profunda tristeza me llena el corazón pensando en esa Francia que se extingue poco a poco, devastada por el sistema de mercado dónde todo se compra, todo se vende...

¿Por qué puedo ver lo bueno de Francia cuando mucha gente —nativa de aquí— no lo ve? ¿porque provengo de otro país? En realidad no es así. Todas las personas que han llegado a Francia no han tenido la misma suerte… Cierto es, que llegué como estudiante, que la miseria nunca me obligó a salir de mi país.

Hace poco, leía los comentarios escritos en Youtube sobre el documental de Michael Moore: “Capitalism, A love story”. Estaba enfurecida ¡leyendo tantas tonterías! Algunos criticaban a Moore calificándole de “comunista” y decían: ¡“Solo el capitalismo puede funcionar”!

En nuestros días y en medio de esta fuerte crisis, ¿cómo es posible que todavía exista gente que pueda creer en el capitalismo? He pensado en “Sicko” otra obra maestra de Moore y eso me ayudó a comprender que el trabajo constante de la publicidad en pro del consumo y contra el comunismo, se ha enraízado en lo profundo de todas las poblaciones americanizadas. Aquella percepción de las cosas no es fruto del cinismo actual, sino de la ignorancia. La mayor parte de la gente ha sido educada por los mass media. La televisión ha cumplido su rol de educadora de masas, haciendo del capitalismo y del consumo desenfrenado, dos grandes paraísos...

Todas aquellas personas que como yo, criticamos el capitalismo, debemos ser conscientes de aquello que nos ha hecho diferentes a toda esa gente educada por la televisión. Es en la educación dónde todo toma forma. Y hablo de la educación que se recibe en el hogar, no de la que se da en las instituciones educativas porque los sistemas de educación están hechos para mantener el sistema, no para transgredirlo.

Yo soy capaz de ver las fallas y de cuestionar el sistema porque he sido educada de un modo distinto. Pero todo aquél que haya crecido sometido a la obediencia, tendrá muchas dificultades para tomar distancia y cuestionar. La educación es errada cuando se basa en la obediencia a la autoridad. Si en lugar de pedir obediencia, pediríamos reflexión, los niños y niñas crecerían con la libertad de pensar, libres de elegir, de cuestionar. No es solamente la educación escolar la que debe cambiar sino aquella que nosotros y nosotras damos a nuestros hijos e hijas en nuestros hogares. ¿Estamos educandos borregos? O ¿estamos educando para la libertad?

Cuando hablo de un mundo en el que toda la gente gane el mismo dinero, de un mundo en el cual se elija lo que se quiere hacer en función del placer y no en función del dinero, muchos se ponen en guardia: Un mundo en el que todos y todas seamos iguales, es indeseable para quiénes necesitan someter a los otros para poder imponerse, para existir.

“La rivalidad es naturaleza humana...” Me han asegurado...
Conozco una niña que crece rodeada del amor de su padre y de su madre. No soy ricos pero tienen todo aquello que necesitan para vivir felices respetándose a sí mismos. Ella no tiene Nintendo como sus amigas pero no quiere tener uno y nunca se siente celosa de las y los otros niños. Ella es libre de soñar en cosas que le gustaría tener, pero soñar no le impide aprovechar de aquello que tiene ahora. Es tan feliz y positiva que le parece que nada le falta. Obviamente, tiene el respeto y el amor de su mamá y de su papá que saben compartir sus tiempos de trabajo con los de familia. Esta niña crece en armonía, no tiene necesidad de compararse a otros para sentir que existe; se siente bien consigo misma, es feliz.
Conozco otras niñas que desgraciadamente nunca tienen la atención ni de sus papás ni de sus mamás; sus padres comenzaron por ponerlas frente a la televisión cuando eran todavía bebitas. Luego, les compraron el Nintendo. Mientras más distraidas están, más ellos pueden evadirlas. Esas niñas no se sienten amadas, no se sienten bien consigo mismas y por ende, son extremadamente celosas y competitivas. Nunca están satisfechas ni son felices. Necesitan siempre más y más cosas que las distraigan del vacío causado por la ausencia y el distanciamiento de sus padres y de sus madres.

No creo en la tal “naturaleza” humana hecha de odio y de celos, de ambición, de rencor y de codicia. Es una cuestión de familia, de amor, de respeto, de educación. El capitalismo no es sino el resultado de una sociedad en falta de lazos afectivos, de una sociedad que ha perdido la noción de la profundidad de las verdaderas relaciones humanas. Podemos seguir escribiendo páginas y páginas contra el sistema de mercado, podemos criticarlo tanto como queramos, pero nunca podremos convencer a esas personas que han crecido sometidas y obedientes. No es siempre y solamente cinismo, es ignorancia pero sobretodo: miedo a perderse, a quedarse sin puntos de referencia.

¡Nos urge cambiar el método! Hay que comenzar a aceptar el ser cuestionados y cuestionadas en tanto que personas adultas, sin dejar de ser firmes en la toma de decisiones. Hay que tener el coraje de confrontarse a nosotros y nosotras mismas, a dudar, a buscar, a elegir. He viajado mucho preguntándomelo todo, es solamente de esa manera que he logrado abrir mi espíritu y encontrar las respuestas.

Gracias a todas las personas que hacen la Grande Relève por haberme enseñado mucho sobre esta economía confusa y oscurantista. Ahora y gracias a ustedes, tengo aun más argumentos para luchar contra este sistema y para soñar en una economía distinta hecha de libertad y de justicia.