viernes, noviembre 23

De la religion, le Christ sur la Croix et le Sacrifice

Je crois que si l’on veut croire en Christ, il vaut mieux s’acheter une bonne Bible, la lire et essayer d’en faire une interprétation personnelle, toujours en essayant de se « mettre en abîme »(1) , c’est à dire, en prenant du recul pour se faire des idées propres.

Je n’aime pas les religions mais je ne peux parler particulièrement que de celle dans laquelle j’ai été élevée : La religion Catholique. Le Christ sur la Croix est une façon excellente pour soumettre les croyants : « Voici le plus grand, le meilleur exemple d’amour : le sacrifice de Christ… » Et nous tous, pêcheurs devons payer avec toutes nos vies son amour, son sacrifice. C’est comme cela que nous apprenons à accepter toutes les misères pour faire comme lui, comme le Christ qu’on nous a appris(2) : le sacrifice, le mal sur notre propre peau.

Je suis certaine que le sacrifice n’est pas de l’amour, ni que l’amour signifie se sacrifier. Je crois que chacun est le souverain de ses décisions et si j’admire le personnage du Christ, c’est pour son courage. Heureusement, j’ai connu la courante Catholique Latino-américaine de la Théologie de la Libération(3) ; grâce à elle, j’ai pu voir le Christ différemment. Cette interprétation m’a montré un type courageux, ferme, capable de tenir sa parole ; fidèle à lui-même et honnête. Ensuite, je n’ai plus voulu jamais accepter ni croire dans ce Christ victime que, depuis de siècles, certaines personnes du Pouvoir, ont inventé pour maintenir les peuples soumis et dominés.

Je n’accepte plus le sacrifice, je ne me sacrifie jamais. Je suis consciente que ce que je fais, c’est moi qui décide de le faire, même si ma vie entière en dépend. Rien ne m’oblige, j’ai toujours le choix. C’est ce que j’appelle être responsable. Cette idée de responsabilité je l’ai apprise grâce à Nietzsche. Un grand penseur qui, malheureusement n’a pas pu se défaire de la façon mythique des croyances religieuses ; il a inventé d’autres dieux, il est resté, par malheur, submergé dans les mythes(4) .

Jacopin(5) disait qu’il y a deux façons de concevoir le mythe : de façon positive (en étant d’accord), ou de façon négative (en le refusant). Dans les deux cas, qu’on accepte ou qu’on refuse le mythe, on fait toujours partie du groupe mythique que Jacopin appelle « système(6) ». La seule façon de sortir du mythe est de ne plus croire du tout : de la sorte, on ne se battra plus ni en faveur ni contre.

J’apprécie ce que cette doctrine latino-américaine m’a permis de voir, cependant, je ne suis plus ni croyante, ni catholique puisque je suis consciente du degré humain dans l’invention des mythes. Qui sait s’il y a un Dieu quelconque ? Peut-être que oui, peut-être que non. Cela ne me pose pas vraiment de problème. Mais s’il y en a un, je préfère le concevoir comme le Christ qui se bat, qui lutte, qui choisit de mourir pour ses idées parce qu’il est fidèle à lui-même, pas parce qu’il veut soumettre les autres à travers la manipulation affective, le chantage émotionnel et le sacrifice.
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[1] Pierre-Yves Jacopin.
[2] Transmis.
[3] Mouvement théologique chrétien né dans l’Amérique Latine des années 60. Il propose une lecture nouvelle des Evangiles, dans laquelle on fusionne le projet divin et la lutte contre l’oppression et l’exploitation des peuples.
[4] Le mythe dans les sociétés est une explication, vraie ou fausse, à des faits et phénomènes du monde. Que la mythologie ne corresponde pas à une réalité n’a pas d’importance, les gens y croient et ils sont membres d’une société qui y croit, ils font partie d’un système cohérent qui fonde la conception d’un certain univers. L’important n’est pas le vrai ou le faux mais l’accord entre les gens qui partagent le mythe. C. Lévi-Strauss, 1958.
[5] Pierre-Yves Jacopin, Anthropologue, élève de Lévi-Strauss, Professeur de l’Institut des Hauts Etudes de l’Amérique Latine et mon propre Maître d’Anthropologie.
[6] Système : ensemble des gens qui vivent en groupe et que partagent la même conception du monde et des idées du monde.