
Mardi 28 juillet 2009.
Ce matin, on parlait sur France Info, des ventes mitigées des soldes d’été en France, en dehors – bien évidement – de la ville de Paris. Depuis que la crise financière a commencé à faire parler d’elle, toute information donnée sur l’économie insiste sur le faible pouvoir d’achat des Français. De mon côté, j’étais plutôt dérangée sur un point dont personne ne parlait en faisant référence aux soldes : les invendus !
Il y a très peu de temps, moi-même, j’avais fait le tour des magasins, voyant la grande quantité de vêtements à vendre qui demeuraient sur les penderies. Il faut dire aussi que ce n’est pas la première fois que je remarque tant d’invendus pendant la période de soldes ; je ne me crois pas tellement que cette histoire de crise et de pouvoir d’achat soit la vraie responsable. Mais allons, ce n’est pas ça qui me dérangeait autant ! Ce qui m’embêtait moi, était le fait de savoir qu’on avait produit en excès et que cet excès invendus serait bientôt remplacé par une autre quantité d’articles, également en nombre excessif, mais différents : la nouvelle collection. A n’en pas douter, une fois de plus, beaucoup d’articles resteront invendus et pourtant, on ne s’arrêtera de produire de plus en plus. Le système marchand suppose salutaire la production massive et refuse une grossière réalité : la dévastation de la Planète Terre, dans la recherche de matière première, la pollution pendant la production et, pour finir, la contamination due à l’excès de déchets… parce que même si tous les articles produits et mis en vente venaient à être vendus, qui et comment pourrait-on stocker autant de choses ? Après avoir rempli placards et étagères, caves, coins et recoins, qui aurait encore besoin de retourner faire de nouveaux achats de toutes les nouveautés, qui seront finalement vendues en soldes en fin de saison?
La production massive m’inquiète autant que la consommation massive. Beaucoup de gens me diront alarmés, qu’arrêter la production signifie laisser sans travail un grand nombre de salariés. Et certes, ils auront raison : ce système s’autodétruit constamment. Pourquoi sommes-nous toujours soumis à cette galère ? Il y a rien qu’on ne puisse faire ?
La destruction de sols fertiles due à la monoculture, nous a remmené à comprendre que la logique de production en masse et en excès, est nuisible pour la nature, nuisible pour les gens qui vivent de la production de leurs terres parce qu’elles terminent par devenir infertiles, nuisible enfin pour le consommateur qui fini par manger des aliments contaminés par des produits chimiques, qui ont favorisé la destruction des sols. Après avoir compris qu’aller contre la nature en pro du système de consommation massive, du marché, de l’enrichissement de quelques uns, est nuisible pour l’humanité, il surgit peu à peu et prend de la force – de plus en plus –, une nouvelle façon de cultiver la terre, une nouvelle façon de vivre du travail de la terre. C’est alors que j’ai pensé à toute ces personnes qui perdraient leurs emplois si on arrêtait de fabriquer toutes ces voitures dont on n’a entièrement pas l’utilité, tous ces vêtements dont plus personne n’a besoin, ni ne peut stocker, tous ces articles inutiles qui finissent tôt au tard dans les poubelles. Je me suis dit que ces gens là étaient comme les terres soumises à la monoculture : dépendants, incapables de s’adapter aux changements, aux besoins nouveaux.
Pourquoi spécialiser les gens à un seul métier ? Pourquoi ne permet-on l’adaptation en permanence aux nouveaux besoins qui surgissent chaque jour ? Après tout, la vie change, la nature change, les gens changent, les intérêts changent. Si le système de production était le reflet de la nature humaine, il serait indéniablement changeant, il s’adapterait aux besoins humains, au lieu des les y soumettre.
Voilà donc la clé du souci : nous vivons pris par un système qui lutte contre la Nature, qui ne travaille ni pour Elle, ni avec Elle. Manon, ma fille de huit ans, me disait ce matin : « Les gens devraient faire comme font les profs de ski : ils ne peuvent pas travailler en donnant leurs cours toute l’année, parce que l’hiver se termine. Le reste de l’année, ils font d’autres travaux. » La cohérence de ses commentaires me laisse toujours fièrement stupéfaite ! Imaginez-vous un instant, quelqu’un qui déciderait d’envahir la montagne de neige artificielle juste pour pouvoir conserver son travail de moniteur de ski tout au long de l’année. La neige artificielle existe, mais elle est si couteuse et si mauvaise pour faire du ski et, l’été est si bon et si chaud que personne – jusqu’à maintenant – n’a pu réaliser ce capricieux projet de ceux qui se sentent incapables – ou qui se voient dans l’incapacité – d’exercer d’autres métiers.
Tout ce que dont nous avons besoin pour sortir de la crise, est de nous adapter et de composer avec la nature, d’arrêter de nous imposer à elle. Il est urgent d’inventer un nouveau système, il nous faut inventer un autre monde, d’autres modes de production, de fabrication et de consommation, qui soient cohérents avec notre nature humaine, qui nous aident à renouer nos liens avec notre Planète Terre. Le système actuel est en crise ? Laissons-le mourir !